Le nombre de naissances a baissé de 6,6 % en 2023 par rapport à 2022 et le taux de fécondité de la France métropolitaine a chuté à 1,64 enfants/femme, soit le niveau le plus bas depuis un siècle. Il est certes supérieur à celui des autres pays européens, mais justement la France qui était, avec l’Irlande, une des deux « locomotives » de l’Europe, plonge un peu plus dans l’hiver démographique du vieux continent (dont le taux de fécondité moyen avoisine 1,5).
Cependant, les femmes françaises ont encore un vrai désir d’enfants ; le nombre moyen d’enfants souhaité est de 2,27 selon une enquête faite fin 2023 pour l’UNAF, mais les nouvelles naissances sont souvent remises à plus tard. Les causes de cette situation sont multiples et entremêlées. Il faut citer en premier lieu les problèmes matériels – concernant le logement et la question du mode de garde des enfants – mais aussi une inquiétude certaine face à l’avenir. Enfin, il y a un refus de l’engagement chez les jeunes hommes (l’âge moyen des hommes lors du mariage est désormais supérieur à 39 ans) et le fait que ces derniers considèrent la jouissance comme un droit : une nouvelle naissance est mise en balance avec les attraits du consumérisme.
Il faut aussi mentionner une dimension culturelle : la mentalité de contre-acceptation de l’enfant promue depuis plusieurs décennies par les puissants qui nous gouvernent.
En effet, l’avortement est présenté comme un acte bénin et, pour le monde médiatique parisien, tout discours ne correspondant pas aux injonctions de l’OMS sur « la santé reproductive » est scandaleux (pour certains, les auteurs de propos contraires à doxa ambiante devraient même être poursuivis pour « délit d’entrave à l’IVG »). Ce climat en faveur de l’avortement est entretenu par un puissant lobby qui pousse des textes législatifs dont certains sont effectivement adoptés, le prochain étant l’inscription dans la Constitution « d’une liberté d’avorter ».
Cette situation est d’autant plus paradoxale qu’en France 27 % des grossesses au moins se terminent par une IVG et que le nombre d’avortements par femme nubile est un des plus élevés d’Europe. Cette ambiance culturelle est telle que l’enfant est souvent perçu comme une gêne par de nombreux jeunes couples.
Par ailleurs, si on veut un équilibre démographique, le nombre de familles nombreuses doit être d’autant plus grand que la proportion de femmes sans enfants est importante. Or cette proportion a beaucoup augmenté depuis 50 ans en partie à cause d’une plus grande infertilité (sujet vaste, complexe et douloureux). Il faut encourager les familles de trois enfants et plus°, et donc refuser la culture de mort.
En oubliant que toute vie humaine est une porte ouverte sur l’avenir, la France se délite et vieillit (la part de sa population de plus de 65 ans est de 21,5 %), mais nos « sages » contestent la nécessité de la valorisation de la vie naissante. L’adage évangélique nous indique que « ce qui a été caché aux sages et aux savants a été révélé aux tout petits » ; l’existence d’un tout petit in utero est digne de respect malgré le discours dominant. Rappelons ce que Jean-Paul II écrivait il y a un quart de siècle (dans sa Lettre aux artistes) : « Le don de science nous murmure que devant le caractère sacré de la vie et de l’être humain, devant les merveilles de l’univers, l’unique attitude adéquate est celle de l’émerveillement ». Ces paroles prophétiques devraient résonner aux oreilles de tous les Français.
R. S. Secrétaire G. de la Fédération AFC92
° On vient d’apprendre que le gouvernement pensait remplacer l’ancien congé parental (certes peu attractif en raison de son indemnisation faible) dont la durée pouvait aller jusqu’au 3 ans de l’enfant, par un « congé de naissance » dont la durée serait limitée à 6 mois. C’est exactement le contraire du soutien aux familles nombreuses.