Pourquoi ces violentes attaques contre le secret de la confession ?

Gérald Darmanin n’a rien trouvé de plus urgent que de convoquer le président de la Conférence des Evêques de France pour une simple phrase dite le 6 octobre sur la radio FranceInfo. En cause, le secret de la confession dans le cas de crimes commis sur des mineurs ; le ministre a d’ailleurs déclaré le 8 octobre : « On doit être délié – c’est la loi qui le dit d’ailleurs – de ce secret […] La loi de la République s’impose aux lois des églises. C’est comme ça. C’est la République française ».
Qu’en est-il du point de vue juridique, théologique et mediatico-politique ?

+ Selon le droit positif français, le secret de la confession a toujours été assimilé au secret professionnel (et il ne peut en être autrement) ; et la loi et la jurisprudence (circulaire du 11 aout 2004°, confirmée en 2014) sont claires : dans le cas de crime contre des enfants de moins de 15 ans, le détenteur du secret peut s’en délier lui-même, mais il n’y est en aucun cas obligé. Donc Darmanin dit un mensonge, sciemment ! De même le Garde des Sceaux a employé une formule qui va à l’encontre de la jurisprudence. Si un prêtre ne dénonce pas un crime de pédophilie dont il a eu connaissance en confession, doit-il être condamné ?, lui a demandé un journaliste, «Il doit l’être. Cela s’appelle non-empêchement de crime ou de délit», a-t-il répondu. Un mensonge de plus, car il n’y a pas imminence de crime (cf. l’article de Paul Sugy dans le Figaro du 8 octobre) !

+ D’un point de vue théologique, le secret de la confession est un des fondements de ce sacrement institué par le Christ. Cela fait partie de l’enseignement dispensé par l’Eglise partout et toujours (ubique et semper) qui est donc irréformable (cf Lumen Gentium n° 25) : nul évêque, nul concile ne peut revenir dessus. Mgr de Moulins -Beaufort le dit très bien au journaliste qui l’a interrogé sur FranceInfo : «Le secret de la confession s’impose à nous et il s’imposera…». Que le journaliste relance : «Est-il plus fort que les lois de la République ?», celui-là répond : «En ce sens-là, il est plus fort que les lois de la République parce qu’il ouvre un espace de parole libre qui se fait devant Dieu». Effectivement nul prêtre ne peut s’en délier (sous peine de sévères sanctions).
Notons qu’au XVIII° siècle, Benoit XIII a canonisé saint Jean Népomucène – archidiacre à Prague au XIV° siècle – comme martyr de la confession et l’a proclamé patron des prêtres et de la Bohème (lui qui était confesseur de la Reine, il a refusé de dévoiler au roi Venceslas les aveux qu’il avait reçus et fut tué pour cela sur ordre du roi).

+ Par ailleurs le système médiatico-politique n’a voulu retenir que 7 mots de Mgr de Moulins-Beaufort, alors que ce dernier tenait un discours tout en nuances sur la distinction entre confidences et confession et évoquait d’autre part le point intéressant et délicat de l’enfant qui parle en confession de sévices subis (dans ce cas, ce n’est pas un aveu puisque ce n’est pas lui qui a commis la faute).
Remarquons que le seul pays qui ait tenté – pour une seule de ses régions – d’obliger la levée du secret de la confession pour certains crimes est l’Australie ; c’est aussi le pays qui s’est distingué par un système judiciaire profondément gangréné par l’anti-cléricalisme (cf. l’affaire du cardinal Pell emprisonné pendant plus d’un an alors qu’il était innocent). Notons que l’obligation de lever le secret professionnel – puisqu’il s’agit de cela – poserait des problèmes insolubles (s’appliquerait-il aux avocats ? aux médecins ?) ; elle serait aussi serait contre-productive, car si le prédateur sait que son crime risque d’être révélé, il n’en parlera pas.
Les ténors de LaREM en ont rajouté dans la polémique (le terme de séparatisme a été lancé !), car c’est une bonne occasion de donner des gages à la partie anti-cléricale de la gauche en vue de la présidentielle et surtout de contenter le milieu médiatique – biberonné à l’anti-cléricalisme. Rappelons que le petit père Combes reprochait déjà à l’Eglise de trop influencer les femmes à travers la confession ; le fantasme de la confession fait partie de la culture de la gauche laïcarde depuis plus d’un siècle !
Saint Jean Népomucène, priez pour la France.

°Ministère de la Justice, Circulaire relative au secret professionnel des ministres du culte et aux perquisitions et saisies dans les lieux de culte, 11 août 2004, BOMJ n° 95 (1er juill. – 30 sept. 2004), CRIM 2004-10 ; E1/11-08-2004, NOR : JUSD0430163C.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s