Au détour du récent document sur « la Stratégie nationale de Santé 2018-2022 », la Ministre de la Santé ne peut s’empêcher d’évoquer ce thème, et toujours dans la même optique !
i) Elle veut ainsi « engager une démarche globale d’amélioration de la santé sexuelle et reproductive, qui vise à garantir à chacun une vie sexuelle autonome, satisfaisante et sans danger, ainsi que le respect de ses droits en la matière ». L’expression « la santé sexuelle et reproductive » (en vogue dans les textes internationaux, type OMS) et le terme « de vie sexuelle autonome » sont ambigus car ils banalisent les relations sexuelles entre adolescents. On ne voit pas le rapport avec la santé.
Autre lieu commun, la démarche doit « faire évoluer les représentations sociales liées à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle, à l’âge ou au handicap, présentes au sein de la société et transposées dans l’offre de santé ». L’identité de genre est une formule qui ne peux être comprise qu’à la lumière de la théorie du genre. Selon cette théorie, l’identité sexuelle de l’être humain dépend de son environnement socio-culturel et non du sexe biologique. Sur cette base, certains estiment qu’il faut déconstruire toutes les représentations sociales de la différence des sexes.
Ce choix de promouvoir cette idéologie est un mépris envers tous les parents. Par la suppression des repères qu’il implique, il peut avoir un impact négatif notamment sur les plus jeunes et leur développement psychologique.
ii) Visant l’Education nationale, il est dit que « l’éducation à la sexualité ne doit pas se limiter à la transmission de connaissances biologiques, mais doit s’attacher à accompagner les enfants, adolescents et jeunes adultes dans leur réflexion sur le respect mutuel, l’égalité filles-garçons, la réciprocité et le consentement des relations à l’autre ». Or la sexualité n’est pas d’abord un produit de consommation dont il suffirait de vérifier la qualité sanitaire et le « consentement de l’autre ». Elle engage les personnes dans une relation dont elle interroge la durée.
Pour nous, il est préférable qu’il y ait dans les écoles une éducation affective et sexuelle sous le regard des parents, plutôt qu’une éducation à la sexualité imposée par le Ministère de l’Education.
Il aurait mieux valu parler de responsabilisation des jeunes dans ce domaine. Pour les aider dans cette voie, il aurait fallu évoquer la lutte contre la pornographie ( d’ailleurs oubliée dans la liste des addictions citées par le document). La santé des enfants concerne en premier lieu les parents (qui ne sont jamais mentionnés dans ce document), ils doivent prendre en main ce sujet d’une manière ou d’une autre. Le rôle des pouvoirs publics devraient être de valoriser leurs actions (par exemple, en les incitant à éloigner les jeunes de moins de 13 ans des réseaux sociaux permettant la pornographie, le harcèlement ou les rencontres dangereuses). Or le document – tout à fait dans la ligne politique de Marisol Tourraine – n’y fait aucune allusion.
iii) Dans un paragraphe concernant le dépistage néonatal, le document demande de « garantir l’accès au diagnostic prénatal » (page 77). Cela est asséné sans aucune justification. Or il s’avère que le dépistage prénatal est complètement différent du dépistage néonatal : il est le plus souvent utilisé pour éliminer l’enfant à naître (voir par exemple le dépistage de la trisomie 21). Dans ces conditions, l’extension du dépistage prénatal peut engager la société, sciemment ou pas, vers l’eugénisme. A ce titre, cette orientation relève de la problématique de la bioéthique et devrait être débattue lors des « Etats généraux de la bioéthique » annoncés pour bientôt et non pas dans ce texte.
Comme il nous est demandé de réagir, nous affirmons notre opposition à la partie 1 (Mettre en place une politique de promotion de la santé…) et à la partie 5 ( priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant…)