Une gestion saine des retraites est indissociable d’une démographie saine, et pour celle-ci il convient d’avoir davantage de familles avec 3 enfants ou plus – les familles nombreuses. Mais nous évoluons actuellement en sens opposé et notre indice de fécondité est tombé à 1,87 enfants par femme (rappelons qu’il faut 2,1 pour le remplacement des générations).
Les modalités de calcul de pensions de retraite devraient donc favoriser les familles nombreuses. Or, selon le rapport de l’Institut de la protection sociale (présidé par Bruno Chrétien), avec la réforme Delevoye « pour les familles de 3 enfants, la perte de droits est d’une ampleur exceptionnelle ». Et cela à cause d’un mauvais système de majoration pour enfants.
En effet, avec le système actuel ladite majoration est de 10 % pour chacun des deux parents dès que l’on a éduqué 3 enfants. Avec le nouveau système, il serait de 17 % pour un seul des deux parents qui devra être choisi avant les 4 ans de chaque enfant ; il est à prévoir que dans de nombreux cas ce sera la mère qui sera choisie. Par ailleurs l’acquisition de 8 « trimestres supplémentaires de cotisation » pour la mère à la naissance de chaque enfant serait supprimée. Dans le cas classique où le montant de la pension de retraite du mari est supérieur à celui de sa femme, on voit que la perte pour ces retraités va être sensible°.
Le nouveau système semble avoir été conçu pour la femme avec son enfant (on lui donnera un hochet avec une majoration de 5 % de sa retraite dès le premier enfant) mais pas du tout dans l’optique d’une famille stable fondée sur le mariage, c’est-à-dire l’environnement favorable pour les familles nombreuses.
Au lieu d’une politique pro-natalité, une fois de plus nos technocrates lancent un signal très négatif aux familles nombreuses. Pour les hauts fonctionnaires de Bercy et ceux du Ministère des solidarités et de la santé, la politique familiale est de plus en plus confondue avec la politique sociale. Est refusée toute mesure favorisant les familles dont les époux restent ensemble – l’axe du droit de la famille n’étant plus le mariage mais une filiation que l’on peut bricoler à souhait – ; est refusée toute mesure encourageant les couples à se lancer dans l’aventure de la famille nombreuse.
Face à cet égalitarisme fallacieux, continuons à promouvoir l’institution qu’est la famille.
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