Quand il s’agit de définir de la famille, on peut distinguer deux conceptions. Celle des gens ordinaires pour qui la famille est fondée sur l’union homme/femme. Et celle des élites pour qui on peut « faire famille » en se fondant seulement sur la filiation, laquelle est caractérisée par de simples textes législatifs.
La conception de la famille soutenue par la majorité du personnel politique est assez trouble. Outre le projet de loi « ni bio- ni éthique » qui revient encore au Parlement, il est symptomatique ce décret signé en mars dernier par le Premier Ministre précisant la nouvelle répartition des membres du CESE (la troisième assemblée parlementaire) dans le domaine familial :
« Six représentants des associations familiales, dont 5 désignés par l’Union Nationale des Associations Familiales et un désigné par accord entre les mouvements familiaux dédiés aux familles homoparentales »
Notons qu’au sens strict des textes législatifs actuels, les familles homoparentales sont des couples de personnes de même sexe « mariées » ayant obtenu un jugement d’adoption plénière prononcé par un Tribunal. Leur nombre est très faible. En 2018, outre 18 adoptions plénières en faveur de couples de même de même sexe, il y eut 1260 femmes ayant fait procéder à l’adoption par leur compagne de leur enfant né de père inconnu – ou plus prosaïquement d’un père dont l’identité est occultée (le cas des GPA faites à l’étranger pourrait aussi être évoqué, mais c’est autre sujet).
Le privilège accordé à ce petit nombre par l’exécutif est pour le moins paradoxal. Mais les puissants ne sont pas gênés par cette occultation de la paternité. En effet ils ont imposé une définition de la famille, comme étant fondée « soit sur le mariage, soit sur la filiation » (selon la formule du juriste protestant Jean Carbonnier, auquel se réfère les actuels déconstructeurs) ; même s’il s’agit d’une filiation définie elle-même par un droit de la famille modifié une dizaine de fois depuis 1999 et qui devient erratique – on le voit encore avec la future loi dite « bioéthique » instituant une double filiation maternelle.
Cette conception promue par le politique (et les médias) va l’encontre d’une autre définition : la famille fondée sur l’union de l’homme et de la femme. Pour les chrétiens, les juifs, les musulmans et la majorité des hommes de bonne volonté, c’est le bon sens même. Pour être plus précis, selon la loi naturelle (qui est, pour faire simple, ce que l’on peut déceler dans la morale commune) la famille est « la société naturelle où l’homme et la femme sont appelés au don de soi dans l’amour et dans le don de la vie » (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, CEC n° 2207).
L’altérité sexuelle est constitutive de la notion de famille. C’est le cas lorsqu’il y a adoption. C’est aussi le cas pour une famille monoparentale avec une mère et son enfant, l’absence du père – même inconnu – rappelle en creux que ce dernier a une place (et qu’une référence paternelle peut aider l’enfant à se construire). C’est encore le cas pour un veuf avec son enfant – la perte de la mère étant une blessure que l’on ne peut ignorer. L’expression famille homoparentale constitue en fait une contradiction dans les termes.
Elle est loin de rester théorique, l’opposition entre la loi naturelle et un droit de la famille en déliquescence. Par exemple, des chartes se référant à des discriminations introduites ce droit ou des « contrats d’engagement républicain » allant dans le même sens sont peu à peu imposées aux institutions et aux associations ; des entreprises seront sommées d’y adhérer.
L’opposition entre les deux conceptions de la famille risque fort de fracturer un peu plus la société : entre d’une part les puissants qui veulent que l’on puisse « construire une famille » grâce à n’importe quel type de filiation ; et d’autre part les gens ordinaires pour qui la famille est fondée sur l’union homme/femme.
Quant à nous, ne cessons pas de témoigner de la beauté de la Création : c’est en créant l’homme, homme et femme, que « Dieu a institué la famille humaine et l’a dotée de sa constitution fondamentale » (CEC n. 2203).